LE CHANTIER DU GUIP – MAI 2019

C’est une renaissance pour Pen Duick ! Le cotre mythique d’Eric Tabarly construit en 1898 sort du Chantier du Guip de Brest au terme d’un an et demi de restauration et de plus de 13 000 heures de travail.
Classée monument historique en 2016, la « petite tête noire » s’apprête à reprendre la mer, après sa remise à l’eau devant la Cité de la voile Eric Tabarly à Lorient ce samedi 18 mai 2019. Yann Mauffret, patron du chantier du Guip de Brest, confie son sentiment à quelques heures de ce jour marquant pour le monde de la voile.

Yann Mauffret, comment s’est déroulé le travail de restauration sur Pen Duick ?

On travaille sur Pen Duick depuis les années 2000. On a une relation de confiance avec Arnaud Pennarun, le maître d’oeuvre de la restauration, et on connaît bien aussi Jacqueline Tabarly. Ils nous ont fait confiance pour ces travaux. Le bateau, ça faisait quelques années qu’on le suivait et qu’on sentait qu’il faiblissait. La totalité de la charpente et de la coque était à refaire. Grâce à l’intervention des Monuments Historiques, et aussi au regard de la famille, la solution de rester dans l’original a été choisie. Le bateau porte le témoignage d’une technique et d’une aventure des années 60. On aurait pu partir vers une modernité, ou vers un bateau historique. Ni l’un ni l’autre, on a reconstruit le bateau tel que l’avait sauvé Eric Tabarly, en respectant ce qu’il avait voulu pour son bateau !
Les travaux ont duré un an et demi. Il a fallu d’abord sauvegarder toute la structure, et tous les travaux devaient se faire les uns à la suite des autres. Pendant qu’on restaurait les membrures, l’équipe d’Arnaud Pennarun, du chantier de Pors Moro, reprenait les panneaux de strate. C’était une organisation très complexe, ça a pris du temps, mais nous avons été poussés par une forte volonté de qualité et d’aboutissement.

Quel a été votre sentiment de travailler sur un bateau aussi célèbre ?

C’est un monument historique, et, en plus de cela, c’est un bateau qui nous parle à tous ! L’aventure d’Eric Tabarly, un marin d’exception, un sportif … Et puis toute sa vision de la voile, la capacité qu’il a eu de porter à la fois tradition et modernité. Pour nous, c’est quelque chose dont on s’inspire et qu’on regarde avec beaucoup d’attention. C’est lui qui a relancé l’intérêt pour les voiliers traditionnels en sauvant Pen Duick une première fois en 1958, puis en 1989 après une nouvelle restauration opérée par Raymond Labbé. Cela a été une grande fierté de pouvoir travailler sur ce bateau, le bateau d’Eric Tabarly !

En quoi cette restauration est différente ?

Chaque bateau est une aventure, c’est la richesse de notre métier. Mais là, c’est quand même quelque chose de très marquant. C’est lié à l’histoire. Quand on participe à une histoire collective, quand on met nos mains sur ce bateau construit par William Fife en 1898, et maintenant restauré par le Chantier du Guip et le chantier de Pors Moro, il y a une grande fierté car on ne peut s’empêcher de penser à la délégation, de penser aux aventures qu’il y a eu sur le bateau, à toute l’aventure humaine et technique… C’est ce qui fait que notre passion perdure. A chaque fois, on va pouvoir s’approprier des histoires différentes. Parmi celles-là, certaines sont vraiment extrêmement marquantes dont Pen Duick !Test

A quelques heures de sa mise à l’eau, quel est votre sentiment ?

C’est la course (rires), ça finit toujours un peu comme ça… Le moment magique c’est quand on va le mettre à l’eau, quand nous allons le voir en l’air porté par la grue puis descendre à l’eau, un moment extraordinaire ! Et puis, évidemment, la première navigation…

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